30 lane travay pou zafè moun andeyò a kaba

jeudi 10 mars 2011

asanble jeneral ITECA 26 fevrye 2011 nan TiBoukan





Jou 26 fevrye 2011 an plizyè manm asanble jeneral ITECA ak plizyè zanmi ak kamarad ITECA te reyini nan sant ITECA Gresye Ti Boukan pou fè yon brase sou kojonkti a.Brase lide sa a te fèt nan maten epi nan apre midi manm asanble jeneral la te diskite pwen ki nan òdijou asanble jeneral la.Moun ki tap anime panèl diskisyon an te sitou pale sou kòz ak konsekans evennman 12 janvye a sou peyi ak sitiyasyon mouvman popilè a.
Nap jwenn nan atik tèks direktè ITECA te ekri nan konstèks sa a
Urgence et Reconstruction après le séisme
L’impératif d’un repositionnement stratégique de l’action de l’ITECA

Le bilan dévastateur du séisme du 12 janvier est plus que connu : plus de 200 000 morts, 1.5 millions de sans abris, des milliers de blessés, 500 000 déplacés vers les villes de province… Le séisme a particulièrement frappé Port-au-Prince et les villes avoisinantes. Ses effets ont rapidement pris l’ampleur d’une catastrophe nationale. Il y a désormais pour Haïti un avant et un après 12 janvier. Le pays ne peut plus avoir le même mode de gestion. La société se doit de définir un autre regard sur elle-même. La société civile ne peut plus assumer le rôle joué traditionnellement. Le repositionnement du mouvement démocratique et populaire devient un impératif incontournable. D’où la nécessité de dégager une compréhension fondamentale de la situation actuelle, d’en tirer les enseignements indispensables et de définir une perspective nouvelle pour nos actions et notre fonctionnement.

I- Comprendre la situation actuelle

La situation actuelle avec son cortège de souffrances et de pertes en vies humaines ne peut susciter que de vives émotions, de compassion et d’élans de solidarité sous des formes diverses et variées. L’extrême gravité de la situation ne peut pourtant dispenser de la recherche de réponse à des questionnements majeurs : pourquoi est-on arrivé là ? Que faire pour répondre au chaos qui s’étale sous nos yeux ? Comment transformer en opportunité ce drame inqualifiable qui frappe des millions de femmes et d’hommes ?...

Notre prétention est loin de répondre à ces questionnements et bien d’autres qui peuvent être soulevés. L’intérêt plutôt est de rechercher ou de trouver une clé qui puisse livrer une compréhension fondamentale de la situation actuelle. A travers son histoire, le pays se trouve à son 3ème drame sismique inqualifiable. Le vide institutionnel à la fois public et privé a été tel qu’il a, d’un côté, laissé la place au désarroi et au chaos et, de l’autre, qu’aucune capacité de réponse minimale ordonnée ne semble avoir été possible.

D’entrée de jeu, il faut préciser que le séisme reste un phénomène naturel. C’est un évènement potentiellement déclencheur de dégâts ou de destructions. Mais l’ampleur ou la gravité des dommages, ainsi que la capacité d’en assurer la gestion sont de nature éminemment sociale. En d’autres termes, ce n’est pas le séisme comme tel qui a pu exclusivement causé les destructions et pertes indéchiffrables que nous connaissons actuellement. Le bilan catastrophique enregistré à l’occasion du séisme s’explique principalement ou fondamentalement par :

· Une économie de prédation pratiquée pendant deux siècles par les classes dominantes et soumise à une dépendance extérieure de plus en plus croissante. L’économie haïtienne est aujourd’hui dévastée par un programme de libéralisation radicale. Le chômage touche plus de 75 % de la population active, évaluée à environ 4 millions d’habitants. L’urbanisation sauvage et anarchique due à l’exode rural (doublement de la population urbaine en vingt ans, passée de 20,6 % en 1982 à 40,42 % en 2003), sans développement économique et sans industrialisation, provoque le gonflement de l’économie informelle. En 1995, cette dernière représentait 80 % de la vie économique. Aucune inversion de cette tendance n’a été observée au cours des années 2000.
· Une évolution politique chaotique : l’ordre politique oligarchique et dépendant donnant lieu au pouvoir à une valse de dictature et de régimes autoritaires s’est trouvé renforcé par la première occupation nord-américaine (1915-1934).
· L’accroissement des inégalités et de la marginalisation sociales : Tout au long de l’histoire nationale, ce phénomène ne fait que fait que se creuser : 2 % de la population détiennent aujourd’hui plus de 40 % des richesses du pays. Le revenu per capita évalué à environ 480 de dollars cache, en réalité, une très forte polarisation ou disparité des revenus en faveur des classes sociales aisées. 4 000 familles disposeraient de revenus per capita de 90 000 dollars. Dans le même temps (période 1986 à 1994), la proportion des revenus correspondant à 400 gourdes (environ 10 dollars) par mois, selon l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique, s’accroît de 18,1 % à 58 % à Port-au-Prince et, pour les villes de province et le milieu rural, de 30,8 % à 76,2 %.

En substance, donc, la crise haïtienne semble résulter de l’échec ou de l’épuisement de trois phénomènes historiques. Le premier est constitué par les dégâts causés par l’approfondissement de la dépendance économique. Le deuxième réside dans l’impossibilité d’assurer la perpétuation d’un système politico-étatique dont les ressorts remontent à la première occupation des États-Unis (1915-1934). Le troisième renvoie à l’impossibilité de redéfinir la nature de la relation entre État et citoyenneté. Le séisme du 12 janvier vient juste de balayer un édifice social et sociétal maintenu artificiellement grâce à l’appui extérieur. Plusieurs jours après le séisme, l’absence de l’Etat a été quasi-totale. La solidarité inter haïtienne a constitué la seule lueur d’espoir née du chaos généralisé. De cette inimaginable catastrophe du 12 janvier, il faut bien se résoudre à tirer les enseignements majeurs.

II- Le séisme du 12 janvier et ses principaux enseignements

Un triple enseignement semble se dégager des dégâts provoqués par le séisme, de l’impuissance totale de l’Etat observée au cours des premiers jours et le faible niveau de réponse de la société civile organisée également constaté :

· Le premier enseignement est l’urgence d’initier de manière concrète un véritable processus de déconstruction des rapports sociaux de nature oligarchique. Nous devons nous engager à favoriser de manière effective la jouissance et l’exercice d’une citoyenneté civile et sociale pleine et intégrale. Désormais, les haïtiennes et haïtiens doivent mutuellement se reconnaître à travers un seul et même statut : celui de citoyennes et de citoyens porteurs de droits et contraints à la nécessité de construire un mieux être collectif. Le mot d’ordre désormais : s’unir pour un nouvel et prometteur avenir ou maintenir d’injustes conditions sociales sans devenir.
· Le deuxième enseignement est que le pays puisse disposer enfin d’un Etat. Que ce dernier puisse réellement exister dans la vie des citoyennes et des citoyens. Qu’il réponde effectivement de sa mission et de ses obligations. Le temps de l’Etat – marionnette, garant de la défense des seuls intérêts étrangers est désormais révolu. La survie de l’Etat protecteur ou veilleur de nuit des seuls intérêts oligarchiques ne peut plus être préservée. L’appel à la fin ou la dénonciation de l’Etat dépendant et oligarchique est plus que juste et pertinent. Mais du même coup, nous devons abandonner la pratique traditionnelle à nous détourner de l’Etat et à ne pas nous engager réellement ou concrètement pour l’émergence d’un leadership étatique nouveau et transformateur. Le glas du paradigme Tout sans l’Etat est enfin sonné ! L’avenir se dessine essentiellement sous l’angle du tout pour et par un nouvel Etat sous la houlette d’un leadership alternatif !
· Le troisième enseignement laisse apparaître les limites de l’orientation ou des pratiques incantatoires ayant cours dans la société civile. La posture dénonciatrice permanente de la domination impérialiste et des positions revendicatives lénifiantes ne traduisent pas forcément un engagement pour le changement réel. Elles ne conduisent pas nécessairement à l’ouverture de perspective émancipatrice. Combien parmi nos institutions n’ayant pas eu à dénoncer la « République » de Port-au-Prince, renvoyant à l’hypercentralisation existante ? Peut-on indiquer quelques-unes qui n’aient pas été contraintes à la paralysie presque totale, en dépit du fait que leur sphère principale d’activité se situe bien en dehors de cette « République » de Port-au-Prince ? Aujourd’hui le seul leitmotiv véritablement conséquent semble être : vivre ou pratiquer d’abord le changement souhaité, voulu ou promu, se transformer pour aider réellement à changer !

C’est fort de ces enseignements qu’ITECA envisage – et aujourd’hui même – un repositionnement stratégique de son fonctionnement et de son intervention.

III- Nos actions et l’impératif d’une perspective nouvelle

Les pertes subies par l’institution à l’occasion du séisme du 12 janvier sont considérables. Les difficultés vécues par notre personnel sont innombrables. On a pu dès les premières heures éviter le piège de la tétanisation ou de la paralysie. Le courage et la solidarité des paysans et paysannes prenant part à une session de formation à notre Centre à Gressier au moment du séisme ne sont évidemment pas étrangers au surcroît d’énergie et de dévouement qui a galvanisé une équipe pendant toute la nuit du 12 janvier et les jours suivants. ITECA a été contraint, sans en avoir l’expertise ou l’expérience, de participer au secours d’urgence à Port-au-Prince et dans la Section Communale de Petit Boucan – zone d’implantation du Centre de Formation – durement éprouvée. A l’approche de la saison pluvieuse, le pire pourrait être devant nous si une rationalisation et une efficacité ne sont pas trouvées à l’organisation de l’aide d’urgence. ITECA poursuivra sa collaboration avec d’autres organisations ou réseaux qui interviennent à Port-au-Prince. De manière spécifique, nous poursuivons nos efforts pour aider plus de 1500 familles supplémentaires de la communauté de Petit-Boucan à trouver un abri provisoire et un appui médical et psycho-social. Nous avons déjà aidé 800 familles comprenant environ 4000 personnes à trouver un hébergement provisoire, le système d’adduction d’eau potable desservant une bonne partie de la commune a pu être réparé et une station de purification de l’eau est installée avec l’aide d’une compagnie hollandaise. Et un programme de reconstruction ou de réhabilitation est entrain d’être envisagé en concertation avec les acteurs locaux (autorités locales et associations communautaires).

Evidemment, l’intérêt si nous croyons avoir bien appris la leçon du 12 janvier est loin de se lamenter sur les pertes matérielles et immatérielles enregistrées ou de se décerner un satisfecit d’engagement à l’occasion du séisme. L’impératif qui s’impose est d’arrêter les choix nécessaires, indispensables même pour répondre qualitativement aux nouveaux défis nés du 12 janvier. Si l’on s’accorde à ce qu’il y ait un nouveau et un après dans et pour le pays, nos institutions ne peuvent en aucune manière échapper à cette vérité fondamentale.

Le premier changement majeur tient à la structure et au fonctionnement de l’institution. Il faut mettre au plus près de nos associations paysannes partenaires les expériences, ressources et moyens dont dispose ou devrait disposer ITECA. Nous allons décentraliser l’institution par la création de bureaux régionaux avec une marge d’autonomie réelle et suffisante pour la conduite ou l’accompagnement des activités de nos partenaires et pour faciliter la systématisation et la formalisation des résultats obtenus sur le terrain. La proximité deviendra désormais globale ou totale : ITECA au plus près, aux côtés des associations paysannes avec une capacité d’action minimale, mais dynamique et opérationnelle.

Le deuxième changement significatif au plan institutionnel va se traduire par la recherche d’un partenariat permanent et renouvelé avec les institutions étatiques à tous les niveaux ou échelons. Nous devrions toujours avoir l’Etat en ligne de mire ou comme partie prenante de nos démarches. Il s’agira de porter les autorités ou institutions concernées soit à s’expliquer ou à soutenir une démarche ou un projet, soit à assumer leurs responsabilités ou à les défier. Seule la pratique ou l’expérience de combat et de négociation fera naître un Etat réellement au service de l’action citoyenne ou communautaire.

Le troisième changement se traduit par un souci permanent de développer une transparence totale autour de nos actions et programmes. Ce qui nous amènera à renforcer notre capacité de communication, notre présence dans des réseaux ou plateformes et plus largement l’aptitude à informer le grand public sur nos activités et difficultés. Assez souvent, les alternatives se construisent dans un lieu et leur connaissance permet leur élargissement. Et très souvent les alternatives de même nature parviennent à s’enrichir mutuellement parce qu’elles sont simplement partagées. Ouverture et transparence sont donc deux faces de la même médaille de la lutte pour le changement.

Le quatrième changement se caractérise par la nécessité d’élargir quantitativement et qualitativement les programmes stratégiques déjà définis : production d’avocats dans le Bas Plateau Central, de légumes dans le Bas Artibonite et dans l’Ouest, de mangues et d’élevage caprin dans le Haut Artibonite. Le renforcement quantitatif portera sur la généralisation de l’élevage à toutes les zones d’intervention et la disponibilité de semences vivrières. L’afflux des déplacés vers les provinces va avoir comme conséquence d’aggraver l’insécurité alimentaire. L’offre disponible doit pouvoir être soutenue assez rapidement. Le renforcement qualitatif a trait à la nécessité d’associer la production tant agricole qu’animale à l’amélioration des conditions de vie et la transformation du cadre physique en milieu rural. Nous prévoyons notamment d’associer étroitement la production animale à la disponibilité de l’énergie de cuisson en développant la technique biogaz. La question de l’amélioration de l’habitat rural doit aussi être une préoccupation majeure. Un accompagnement renforcé en quantité et en qualité pour un mouvement paysan combatif et visionnaire.

Enfin le dernier changement intègre l’urgence d’intégrer dans nos programmes un axe relatif à la prévention et la gestion des risques et désastres, ainsi que des effets du changement climatique. Cet axe sera lié à celui de protection environnementale déjà contenu dans nos programmes. Notre préoccupation sera à la fois éducative et pratique, avec d’une part, la motivation et la sensibilisation et, d’autre part, la mise au point d’un programme de gestion de crise et la disponibilité d’un ensemble minimum d’équipements et de matériels de secours de base. Se reconstruire est indissociable de la restructuration de notre espace vital et environnemental et de la gestion des risques qui y sont liés.

Telles sont les grandes orientations qui vont marquer immédiatement le changement de cap au niveau de l’institution. Un document-cadre de réorientation précisant les nouveaux résultats espérés et les ressources humaines et financières nécessaires à mobiliser est en cours d’élaboration. Il sera sous peu soumis à l’attention de nos partenaires.

Gressier, le 22 février 2010,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire